1951
HISTOIRE IFD
L'Oeuvre de Jacques Viénot
Un visionnaire, l’inventeur du néologisme « esthétique industrielle », un mentor et un entrepreneur. Jacques Viénot fut cet homme d’idées et de convictions, aux talents multiples et fédérateurs. « l'art n'existe pas... l'art est partout », disait-il. Associant formes et modes de production, il a posé les principes fondamentaux du design, selon 13 lois toujours enseignées et créé Technès, le premier cabinet de design en France, que rejoindra Roger Tallon en 1953.
En 1951, Jacques Viénot (1893-1959) fonde
l’Institut d’Esthétique Industrielle, devenu
Institut Français du Design en 1984, unissant
dans une même vision de l’identité de la France
et de son rayonnement, les promoteurs des
grands ouvrages d’art industriel et des arts
décoratifs, écoles, ingénieurs, stylistes industriels,
philosophes, sociologues, architectes,
constructeurs et entreprises. Il pose les 13 lois
de l’esthétique industrielle, les lois de l’économie,
de l’aptitude à l’emploi et de la valeur
fonctionnelle, de l’unité et de composition,
de l’harmonie entre l’apparence et l’emploi,
du style, d’évolution et de relativité, du goût,
de la satisfaction, du mouvement, de hiérarchie
ou de finalité, commerciale, probité et la loi
des arts impliqués.
L’œuvre de Jacques Viénot :
• La revue "Art Présent" (1945) devenue la revue
Esthétique industrielle (1951)
• La création du bureau d’études techniques
et esthétiques, Technès, en 1949
• L’Institut d’Esthétique Industrielle en 1951
• Les 13 lois de l’esthétique industrielle 1952
• La Sélection Beauté France, qui récompense
celles et ceux qui améliorent le cadre de vie
(devenue le label Beauté France, par la création
de l’arrêté ministériel du 13/11/1953) 1953
• Le cours d’esthétique industrielle en 1956
(devenu l’école Ensaama l Olivier de Serres)
• En co-fondation, l’ICSID (International Council
of Societies of Industrial Design), ONG devenue
le WDO (World Design Organization) 1957
• La Chambre Syndicale des Esthéticiens
industriels 1959
Projet de doctrine : les 13 lois de l’esthétique industrielle,
1. Loi d’économie
L'économie des moyens et des matières employés (prix de revient minimum), dès lors qu'elle ne nuit ni à la valeur fonctionnelle, ni à la qualité de l’'ouvrage considéré, est condition déterminante de la beauté utile.
2. Loi de l'aptitude à l'emploi et de la valeur fonctionnelle.
Il n'est de beauté industrielle que d'ouvrages parfaitement adaptés et leur fonction (et reconnus techniquement valables).
3. Loi d'unité et de composition
Pour former un tout harmonieux, les différents organes constituant un ouvrage utile doivent, sur leur plan respectif, être conçu les uns en fonction des autres et en fonction à l’ensemble. […]
4. Loi d'harmonie entre l'apparence et l'emploi.
[…] Toute production industrielle doit être génératrice de beauté.
5. Loi du style
[…] Un ouvrage utile ne peut prétendre à un caractère de beauté durable que s'il a été conçu loin de l’influence artificielle de la mode. Des caractéristiques esthétiques des ouvrages utiles d'une époque découlent un style qui en est l’expression.
6. Loi d'évolution et de relativité
L'esthétique industrielle ne présente pas de caractère définitif, elle est en perpétuel devenir. La beauté de l’'ouvrage utile est fonction de l'état d'avancement et de l'évolution des techniques qui l’engendrent. […]
7. Loi du goût
L'esthétique industrielle s'exprime dans la structure, la forme, l’équilibre des proportions, la ligne des ouvrages utiles. Le choix des matières, des détails de présentation, des couleurs relève davantage du goût qui doit en être l'heureux complément, compte tenu de la loi d'économie.
8. Loi de la fonction
L'expression des fonctions qui donnent sa beauté à l’'ouvrage utile doit s'entendre de la façon dont elle frappe tous nos sens non seulement la vue, mais l’ouïe, le toucher, le synesthésique, etc. ! ! […]
9. Loi du comportement
Aux lois d'aptitude à l’emploi et d'harmonie entre l'apparence et l'emploi s'ajoute ici un facteur de comportement dans l'élément considéré (terre, eau, air) qui domine les autres bases du jugement.
10. Loi de hiérarchie ou de finalité
L'esthétique industrielle ne peut faire abstraction de la finalité des ouvrages produits industriellement. Une hiérarchie morale s'établit naturellement entre ceux-ci. Les productions industrielles qui possèdent, en raison de leur objet, un caractère de noblesse et qui sont de nature à aider l’homme à progresser, ou qui sont susceptibles d'avoir une influence salutaire dans le domaine social, jouiront d'un préjugé favorable. En revanche, les engins qui ont pour fin la destruction humaine ne sauraient prétendre à une admiration sans réserve.
11. Loi commerciale
L'esthétique industrielle trouve l’une de ses applications les plus importantes sur les marchés commerciaux. […]
12. Loi de probité
L'esthétique industrielle implique honnêteté et sincérité dans le choix des matières ou matériaux employés. Une réalisation industrielle ne saurait être considérée comme belle dès lors qu'elle contient un élément de mensonge, de dissimulation, de tromperie. […]
13. Loi des arts impliqués
L'esthétique industrielle implique une intégration de la pensée artistique dans la structure de l’'ouvrage considéré. Loin du décor plus ou moins arbitraire ou artificiel ou surajouté des arts appliqués, les arts qui concourent à l’esthétique industrielle peuvent singulièrement être dits impliquer dans le modèle à concevoir, avec la technique et se confondant avec elle.
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